Formation santé, sécurité au travail

Formation santé, sécurité au travail

La formation en santé et sécurité au travail est plus qu’une simple obligation légale. C’est un pilier fondamental pour garantir un environnement de travail sain et sécurisé. Dans ce contexte, le rapport Lecocq-Dupuis-Forest, – remis au gouvernement le 28 août 2018, offre une perspective précieuse, soulignant les défis actuels et les opportunités pour l’avenir.

Une culture de prévention à revitaliser

Selon le rapport Lecocq-Dupuis-Forest, malgré des efforts notables, la culture de prévention des risques professionnels a besoin d’un nouvel élan. Trop souvent, cette culture est perçue par les employeurs comme une contrainte administrative plutôt qu’une véritable opportunité de renforcer la performance et le bien-être au travail.

Les salariés, quant à eux, doivent être reconnus comme des acteurs essentiels de cette démarche, capables de prendre en main leur propre sécurité. Ainsi, nous pouvons citer quelques passages de ce rapport :

« Malgré une performance honorable, la prévention des risques professionnels est à la recherche d’un second souffle » (p. 38). À l’appui de ce constat, le rapport déplore notamment le fait que la culture de prévention n’est pas intégrée tant par les employeurs que par les salariés. « Les employeurs sont encore souvent guidés par la contrainte administrative et le respect formel d’obligations règlementaires, davantage qu’ils ne le sont par la conviction du lien entre performance globale et santé. Les salariés, quant à eux, apparaissent encore souvent comme des objets de droit, (…) et non comme des sujets dotés de libre arbitre en capacité de prendre en charge leur environnement de travail ».

Les entraves actuelles : une réglementation lourde

Le rapport pointe du doigt l’accumulation d’obligations formelles, en particulier celles de la partie IV du code du travail. Ces obligations, bien qu’essentielles, peuvent parfois s’avérer lourdes à mettre en œuvre pour les entreprises, surtout lorsque leur pertinence est mise en question. Cette surcharge réglementaire pourrait entraver une approche globale et intégrée de la prévention des risques.

Information et formation des salariés en matière de santé, sécurité, et conditions de travail : une nécessité renforcée 

L’impératif de sensibilisation et formation à la santé et sécurité

La sensibilisation et la formation des salariés sur la sécurité sont des piliers fondamentaux pour la prévention des accidents. Ces démarches s’alignent avec une stratégie proactive qui vise à anticiper et neutraliser les risques dès leur origine. A titre d’exemple, la formation santé sécurité et conditions de travail CSE a pour vocation d’éduquer les représentants du personnel en leur permettant de :

  • Reconnaître les dangers inhérents à leurs missions ;
  • Comprendre les stratégies et dispositifs mis en place pour contrecarrer ces risques ;
  • Savoir comment réagir promptement et efficacement lors d’incidents.

Cette formation et information sont conçues pour inculquer aux salariés des réflexes et comportements qui non seulement protègent leur bien-être, mais aussi celui de leurs collègues.

Cadre légal de la formation et de l’information à la santé et sécurité

L’employeur est tenu, par la loi, d’adopter des mesures essentielles pour garantir la sécurité et sauvegarder la santé physique et mentale de ses travailleurs. Ces mesures intègrent des actions de sensibilisation et de formation, comme stipulé par l’article L. 4121-1 du Code du travail. De plus, l’article R. 4141-2 du même code spécifie que l’employeur est tenu d’informer ses employés des risques pour leur santé et leur sécurité d’une manière accessible à tous.

La France avait été rappelée à l’ordre le 5 juin 2008 par la CJCE pour non-conformité à certaines directives européennes, notamment sur l’information des salariés concernant les risques. Un décret daté du 17 décembre 2008 (D. no 2008-1347, 17 déc.) a depuis renforcé les obligations d’information incombant à l’employeur.

Enfin, l’article L. 4141-2 du Code du travail énonce que chaque employeur doit fournir une formation pratique et adaptée concernant la sécurité. Parallèlement, les principes généraux de prévention listés à l’article L. 4121-4 du Code du travail indiquent que lorsqu’un employeur confie des tâches à un employé, il doit tenir compte de la capacité de ce dernier à respecter les mesures de sécurité requises.

Accords Collectifs et Règlement Intérieur : Implications pour la Santé et la Sécurité au Travail

Les accords interprofessionnels ou de branches, conclus par les partenaires sociaux, apportent des directives supplémentaires en matière de formation à la santé et à la sécurité. Cependant, il est à noter que peu d’accords sur la formation professionnelle continue incluent explicitement la formation à la sécurité.

D’autre part, pour les entreprises de plus de 50 salariés, le règlement intérieur, comme le stipule l’article L. 1311-2 du Code du travail, doit définir :

  • Les mesures d’application des règles en matière de santé et sécurité ;
  • Les modalités que chaque salarié doit respecter pour garantir sa sécurité et celle de ses collègues ;
  • Les circonstances où les salariés peuvent être sollicités pour aider à rétablir un environnement de travail sûr.

Il est donc primordial que l’employeur mette en œuvre une politique de prévention efficace, faisant ainsi de chaque salarié un acteur engagé dans la prévention des risques. 

 

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Promouvoir un environnement professionnel sûr : Les enjeux de la formation en santé et sécurité au travail.

Renforcer la Formation Santé, Sécurité et Conditions de Travail CSE : Les Enseignements du Rapport Lecocq-Dupuis-Forest

Dans un paysage professionnel en constante évolution, il est crucial de s’assurer que les mesures de prévention des risques soient non seulement en place, mais également efficaces. Le rapport Lecocq-Dupuis-Forest met en lumière des pistes essentielles pour améliorer la formation santé sécurité et conditions de travail.

Valoriser la Prévention Primaire

Plutôt que de se reposer uniquement sur la “menace de sanction”, le rapport suggère d’encourager financièrement les entreprises qui adoptent une approche proactive en matière de prévention. Il est crucial que ces entreprises perçoivent rapidement les retours sur leur investissement en prévention, que cela soit tangible et mesurable.

Il est envisagé d’utiliser les excédents de la branche AT/MP pour augmenter considérablement les aides dédiées à la prévention, en particulier pour :

  • Soutenir l’intégration d’une démarche préventive dans chaque entreprise, surtout les TPE/PME ;
  • Sensibiliser les dirigeants au lien entre la santé au travail et la performance globale de l’entreprise ;
  • Proposer des réductions de cotisations pour les entreprises adoptant des mesures de prévention innovantes ;
  • Accompagner les entreprises dans l’établissement d’indicateurs de performance en matière de santé au travail ;
  • Offrir aux dirigeants un suivi individuel de santé via les structures régionales.

De la “Sécurité Martelée” à la “Sécurité Discutée”

Les auteurs du rapport encouragent le passage d’une approche imposée de la sécurité à une démarche plus participative, où la sécurité est discutée. Ils mettent en avant l’importance des “espaces de discussion” au sein des entreprises, qui permettent aux employés de s’exprimer sur leur environnement de travail, facilitant ainsi une meilleure prise en compte des réalités du terrain.

La Formation des Managers et du CSE

Le rapport réitère l’importance de former les managers de proximité ainsi que les membres du CSE, en particulier sur les risques associés aux organisations de travail et leurs évolutions. Il est également recommandé d’intensifier la formation initiale des managers et ingénieurs sur la prévention et la qualité de vie au travail.

Simplification des Obligations des Employeurs

Face à un enchevêtrement d’obligations réglementaires, le rapport suggère de revoir certaines exigences, notamment celles de la partie IV du code du travail, pour une approche plus holistique de la prévention. Il est également proposé de remplacer le document unique d’évaluation des risques par un plan de prévention plus adapté, élaboré en collaboration avec des structures régionales de santé au travail.

Promouvoir de Nouveaux Espaces de Négociation

Le rapport encourage une coopération renforcée avec les partenaires sociaux pour réviser la réglementation, favorisant une simplification tout en recherchant une efficacité tangible. Cette révision s’alignerait avec la logique du rapport Combrexelle et des “ordonnances Macron” de 2017, permettant une adaptation plus fine des mesures de prévention aux réalités de chaque entreprise.

Autres Pistes à Explorer

Le rapport Lecocq-Dupuis-Forest suggère également de renforcer la visibilité du Plan santé travail, d’inciter les branches professionnelles à s’impliquer davantage dans la santé et la qualité de vie au travail, ou encore de créer une cellule dédiée à la prise en charge des risques psychosociaux (RPS) au sein de chaque structure régionale.

La formation santé, sécurité et conditions de travail CSE est sans aucun doute un enjeu majeur pour le futur des entreprises françaises. Le rapport Lecocq-Dupuis-Forest offre des pistes de réflexion essentielles pour garantir un environnement de travail sûr et sain pour tous.

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